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 Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]

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Ryunos
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MessageSujet: Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]    Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]  EmptyDim 22 Fév - 19:25

FORUM : Slumberland
PARTENAIRE : Aaren (ireth)
PERSONNAGE JOUÉ : Paint
LIEU : Vallée blanche
RÉSUMÉ : Paint se rend dans la vallée blanche pour défier le blanc. Malheureusement, c'est le blanc qui vainc et laisse le pauvre peintre désespéré. Son ami Aaren le rejoint et tente de lui faire comprendre que l'espoir subsiste mais il refuse de voir et de comprendre. Et puis l'effondrement de Slumberland a lieu, colorant la vallée de gris.
PLACE CHRONOLOGIQUE : #6


Dernière édition par Ryunos le Dim 22 Fév - 19:31, édité 1 fois
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Ryunos
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MessageSujet: Re: Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]    Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]  EmptyDim 22 Fév - 19:25

Il a pris sa palette colorée, ses pinceaux, quelques outils. Il a du bleu devant les yeux, du violet, du blanc, du gris. Il voudrait une page blanche, une toile vierge, un paysage à colorer. Il se presse. Quelques silhouettes défilent, difformes. Il a oublié de voir le monde. Ses pas le mènent instinctivement à l'endroit qui l'attend.

Blanc. Tout est blanc. Tout n'attend que la couleur, la vallée devait l'attendre lui. Le silence attend le bruit de ses pas. Il prépare la couleur. Il voudrait peindre ce qu'il a sous les yeux, ces traits bleutés et violacés. Une goutte tombe. Le blanc devient bleu. Mais il détourne le regard, il prend la peine d'observer les arbres avant de revenir sur cette goutte colorée. La couleur a disparu. Il ne comprend pas. Il en remet, plus intense. Elle disparaît à nouveau. Il ne comprend pas. Le blanc refuse la couleur. C'est horrible.

Ses bras blancs deviennent bleus, violets, jaunes. Il touche les arbres avec sa couleur, il veut les contaminer, il veut polluer ce blanc meurtrier. Le blanc détruit toujours tout, le blanc a toujours tout détruit. Il frappe les arbres, il frappe l'herbe. Les couleurs ont beau couler, elles ont beau s'accrocher, le blanc résiste. Il renverse la peinture, il veut que ce soit bleu et violet. Tout disparaît. La couleur est annihilée. Il n'en peut plus. Il tombe. Ses cheveux sont colorés, ses vêtements le sont. Il n'est qu'une tache de couleur dans une mare de blanc.

Il se replie sur lui-même. Il a peur de cette absence de couleur. Son monde se serait-il décoloré à nouveau ? Il tremble. Il entend des pas. Il n'a pas peur d'être ridicule. Il n'a plus peur des moqueries. D'un coup de hachoir, tout est réglé. Il ne craint rien, il est à l'abri. Le hachoir est juste à portée de main gauche. Il ne veut pas voir quelle couleur vient déranger ses tourments. Il se replie encore un peu plus sur lui-même. Il essaie de se souvenir de ce rêve qu'il a fait récemment. Il veut se rassurer.

« Les eaux sont bleues. Quelques reflets violets peuvent se voir. L'herbe est verte. Je n'aime pas le vert mais celui-ci est accueillant. Les arbres ne sont pas gris. Les arbres ont des couleurs douces. »

Mais tout ne se passe pas comme il le veut. Les feuilles des arbres tombent. Le cadavre apparaît. Il ne veut pas le regarder, il ne veut pas s'en approcher. Il ferme les yeux, se les cache avec ses bras. Les pas se rapprochent. Sont-ils réels ? Il a peur de la découvrir avec son sourire macabre. Il n'ose pas crier. Il n'ose pas pleurer. Il tremble simplement, recroquevillé sur lui-même, petite tache de couleur dans un océan blanc. Les pas semblent s'arrêter. Il a peur, il est lâche. Il le sait depuis bien longtemps. Il enlève son bras droit puis son bras gauche. Il entrouvre l'œil gauche. Il aperçoit des jambes qui lui semblent familières. Il ouvre l'œil droit. Il connaît cette silhouette. Il tourne un peu la tête, voit le torse, voit les cheveux colorés, aperçoit le visage.

« A ... Aaren ? »

Que fait-il ici ? Et le cadavre, pourquoi ne rit-il pas ? Pourquoi cela ne se passe-t-il pas comme habituellement ?

Il tente de se relever, ne tenant pas trop sur ses jambes qui semblent pouvoir le laisser se noyer à tout moment. Il examine à nouveau les yeux bleus, les cheveux roux. Il a l'impression de ne pas avoir vu ces couleurs depuis une éternité. Est-il une illusion ? Paint avance la main gauche, touche l'épaule bien réelle d'Aaren. Il semble étonné. La peinture accrochée à sa main se dépose sur le vêtement. Il ne s'en rend compte que lorsqu'il retire sa main.

« Je suis profondément désolé d'avoir taché ton vêtement. J'avais oublié ce violet sur ma main. »

Il baisse un peu la tête. Il voit une mare de sang. Il cligne des yeux. Elle a disparu.

« Puis-je savoir ce qui t'amène dans un endroit aussi triste ? »

Il redresse la tête. Il est intrigué. Il tremble encore. Son visage n'affiche rien. Ses jambes ne sont pas des appuis stables. Ses mains tremblent, il les ferme. Il espère qu'Aaren ne le remarquera pas.
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MessageSujet: Re: Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]    Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]  EmptyDim 22 Fév - 19:25


Shut your eyes and see.
Aaren pensait que Slumberland serait reposant.
Il a quitté des amis, quitté des études qui lui plaisaient, quitté une famille aimante seulement pour du repos. Ce n'était qu'un rêve, il se réveillerait le lendemain et prendrait soin de le coucher sur papier pour ne pas l'oublier. Alors il saluerait son père très brièvement pour ne pas lui montrer sa tête de bois à cause de la soirée festive de la veille et prendrait son petit-déjeuner sur le trajet. Pour lui, tout ceci n'était qu'un rêve.
Pourtant, il est long, bien long... Comptant les jours grâce au cycle de sa suite, il sait qu'il commence aujourd'hui sa cent-vingt-sixième journée. Cela doit faire approximativement son quatre-vingt-dixième soupir quand il émerge ce matin-là. Maniaque, il suit au détail ses habitudes, aérant la pièce et son lit, se brossant soigneusement ses cheveux avant de les attacher en deux couettes d'épaisseurs strictement égales (la raie à l'arrière de sa tête en est presque parfaite). Aujourd'hui, il a envie de sobriété, choisissant un jean sombre et un veston dans les tons marron. Seul le chemisier à carreaux sera coloré, son col dépassera timidement. Le jeune roux aime s'habiller selon ses humeurs. Une tasse de thé et un brossage de dents de trois exactes minutes plus tard, il referme sa fenêtre, attrape un épais roman de poche qu'il insère dans son sac à bandoulière, et quitte sa suite en espérant la retrouver sans trop de problèmes le soir-même. Ses réflexions l'emportent au détour des couloirs sans qu'il n'y prête attention, ne passant que par la bibliothèque pour noter une nouvelle définition dans son carnet.

feel (fiːl)
verb
Word forms:  feels, feeling, felt  (fɛlt)
1. to perceive (something) by touching
2. to have a physical or emotional sensation of (something) ⇒ "to feel heat", "to feel anger"
3. tr to examine (something) by touch
4. tr to find (one's way) by testing or cautious exploration
5. copula to seem or appear in respect of the sensation given ⇒ "I feel tired", "it feels warm"
6. to have an indistinct, esp emotional conviction; sense (esp in the phrase feel in one's bones)
7. intr foll by for to show sympathy or compassion (towards) ⇒ "I feel for you in your sorrow"
8. to believe, think, or be of the opinion (that) ⇒ "he feels he must resign"
9. tr often foll by up (slang) to pass one's hands over the sexual organs of
10. See feel like
11. See feel oneself
12. See feel up to

noun
13. the act or an instance of feeling, esp by touching
14. the quality of or an impression from something perceived through feeling ⇒ "the house has a homely feel about it"
15. the sense of touch ⇒ "the fabric is rough to the feel"
16. an instinctive aptitude; knack ⇒ "she's got a feel for this sort of work"


Cela fait plusieurs jours à présent qu'il s'interroge sérieusement sur la nature exacte de Slumberland. Ces questionnements l'ont mené beaucoup plus loin, à la base des mises en question qu'on se pose normalement quand on est beaucoup plus jeune. Et il les a faites effectivement quand il était un enfant, quand il était tout petit. Quand il a compris qu'il vivait dans son propre corps. Il s'est longtemps demandé pourquoi ce corps et pas un autre, pourquoi ces yeux, pourquoi ces oreilles. Pourquoi perçoit-il le monde à travers cette enveloppe et non pas une autre ? Que perçoit-il au juste, si ce ne sont les signaux que lui envoie cet organisme ? Alors qu'il s'interrogeait seulement à propos de Slumberland, il en vient à remettre en question sa propre existence via ses perceptions. L'on dit que c'est l'environnement qui crée les perceptions, mais si c'était l'inverse ? Et si tout cela n'était qu'une invention de son esprit ? Les formules mathématiques, les lois physiques, les molécules et toute la science couchée sur nombre d'ouvrages, et si tout cela n'était que de sa propre création ?
Mais il a décidé par le passé que la réalité était définie autrement que par lui, le contraire étant trop effrayant pour lui. La réalité, son milieu, est différent de lui, un étranger qui ne demande qu'à faire sa connaissance. Et ses sens, sa capacité à percevoir, permet à lui et l'environnement de communiquer. Les perceptions sont les interactions entre la réalité et lui.

Slumberland doit être quelque chose comme une autre réalité... Non ?

Quand il rouvre les yeux, il songe que la vallée blanche est très belle. Il n'a fait qu'un pas, un pas avant de clore les paupières. Si ce ne sont les arbres dont les tronc tranchent avec la blancheur, elle est claire, vierge et presque aveuglante pour ses yeux. En effet, son iris clair a beau jouer correctement son rôle de diaphragme, il laisse plus facilement passer la lumière à cause du nombre réduit de pigments – d'où la couleur bleue. Alors il ne peut s'empêcher de fermer les paupières le temps de s'habituer à cette luminosité fort élevée qui les traversent. Il les ouvre peu à peu et songe de nouveau que la vallée blanche est très belle.
Il marche doucement, peinant comme chaque fois à réaliser qu'il foule effectivement de l'herbe. Combien de fois ne l'a-t-il pas effleurée des doigts, comme les feuilles des arbres aux branches les plus basses, comme les troncs, cherchant une sève transparente mais collante. Tout y est, le vent aussi, seules les couleurs sont absentes. Il cueille une fleur pour en sentir son parfum. Rien ne manque. Il s'étonne d'être ainsi dépendant des couleurs. On les assimile tous à des sensations (sinon pourquoi les qualifierait-on de chaudes ou froides ?). Insérant la fleur dans une poche, il compare la vallée aux touches nacrées d'un piano en faisant quelques pas. Insalissable. Nul besoin de la raccorder, elle jouera toujours le même vent, insufflera les mêmes odeurs, sans jamais faillir. Tantôt soufflera la tempête, tantôt la brise, mais il chantera toujours juste et parfaitement. Les couleurs, à défaut d'être perçues visuellement, le sont avec le cœur.

Une fausse note pourtant s'élève dans l'harmonie, de vives couleurs qui n'ont pas leur place. Il l'a vue après avoir contournée un arbre, une silhouette prostrée à quelques mètres. Il doit s'approcher encore un peu avant de reconnaître le nightmare, alors il s'arrête aussitôt. À côté de lui brille la lame, longue, large et aiguisée, d'un des sempiternels hachoirs qu'il porte fréquemment sur lui. Il demeure à deux mètres de lui et s'accroupit, inquiet.
— … Paint.
En le voyant se redresser, il se relève à son tour et le regarde en silence, œil dans œil. Il fait un écart quand il voit la main maculée s'approcher de lui mais la couleur se colle toutefois sur son veston. Il baisse les yeux pour constater que le violet entache le tissu – mélange de bleu et de rouge, de froid et de chaud, mélange de contradictions qui s'unissent pourtant avec une harmonie parfaite – avant de sourire doucement.
— Ne t'inquiète pas, ce n'était pas mon vêtement préféré.
Il a l'air ailleurs, Aaren s'en soucie un brin mais tient la conversation.
— Je ne sais pas si ce lieu est vraiment triste. Je le trouve plutôt paisible quoiqu'un peu aveuglant...
Ses yeux cillent quelque peu pour ne pas avoir l'air trop scrutateurs et notent l'expression soucieuse sur le visage. Ils s'approchent des mains quand elles se ferment mais ne les observent que de biais, remontant rapidement sur ses yeux. Hésitant légèrement, il finit par interroger le cauchemar de façon légèrement détournée.
— T'ai-je effrayé ?
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MessageSujet: Re: Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]    Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]  EmptyDim 22 Fév - 19:26

« ... Effrayé ? »

Machinalement, il répète le mot, essayant de le comprendre. Il semble vide de sens. Tout lui paraît vide de sens depuis que ses yeux ont égaré les couleurs. La couleur a disparu, la vie est vaincue. Le blanc a tout détruit encore une fois. Une sorte de haine indescriptible enflamme son cœur. Le blanc est meurtrier. Il devrait le détruire, le polluer de couleurs vives mais le blanc est invincible.

Il repense au mot, à tout ce qu'il peut signifier. Il se souvient du cadavre qui riait sans cesse dans sa mare de sang. Ses cris résonnent encore dans la tête du peintre. Cela ne servirait à rien de se boucher les oreilles, les bruits ne viennent pas de l'extérieur. Ce doit être cela l'effroi. Ce doit être ces cris, ces hurlements, ses pleurs, ses plaintes.

« Non, tu ne m'as pas effrayé. Tu m'as simplement ... surpris. J'avais oublié que la couleur pouvait exister dans ce monde de blanc et de gris. »

Il continue de trembler. Il n'aime pas cet endroit. Pourquoi est-il là ? Il a peur mais pas à cause d'Aaren. Il est effrayé par lui-même, par ce sang sur ses mains. Il ne veut pas voir la mare de sang qui grandit. Cela ne servirait à rien de fermer les yeux, le sang n'est pas réel. Il le verrait même à travers ses paupières fermées. Il panique un peu. Ses yeux perturbés scrutent le sol, n'y voyant que du rouge par dessus le blanc. Il tremble encore et regarde Aaren. Il n'est pas rouge. Il est d'une autre couleur plus douce, indéfinissable. Il est apaisant.

« Hé Aaren ... De quelle couleur est le monde à travers tes yeux ? »

Il semble absent, un peu perdu. Ses yeux sont posés sur Aaren mais son regard est dirigé vers un autre monde. Ce qu'il voit est rouge. Le paysage lui est familier. La plaine, les arbres, il connaît parfaitement cet endroit qu'il pense issu de son imagination. Un filtre rouge est passé sur sa pensée. Il observe Aaren. Ses yeux sont morts, ne montrent rien. Il tremble encore un peu. Il a oublié de s'en empêcher. Ses poings se sont relâchés d'eux-mêmes. Il ressemble à un spectre sans réelle présence physique.

« À travers les miens, le monde est rouge. Horriblement rouge. »

Il n'articule pas vraiment les mots, les mange. Les mots n'ont plus de sens dans le monde de blanc et de gris. Rien n'a plus de sens quand le vent a déjà tout emporté.

« Je crois que j'ai peur Aaren. »
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MessageSujet: Re: Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]    Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]  EmptyDim 22 Fév - 19:26

Tout en posant la question, il glisse un regard vers son vêtement pour constater encore la tache. Ne pouvant résister, il insère doucement la main dans son sac, prenant un air concentré, faisant mine de détourner son attention de Paint pendant qu'il répète le mot comme s'il ne comprenait pas. Qu'est-ce qui lui échappe au juste ? Le sens du terme et la raison de sa venue dans la conversation ? Il finit par sortir un paquet en plastique d'où il sort un mouchoir. C'est plus fort que lui, il se doit de retirer la couche supérieure de cette peinture, il se doit d'en retirer un maximum. Cette tache le dérange et, s'il fait mine d'en être vivement préoccupé, ce n'est pas tout-à-fait faux. Alors, s'il notifie l'air songeur de Paint et ses tremblements incessants, il ne va pas chercher plus loin. Il sort un autre mouchoir dans l'espoir d'attraper davantage de peinture avant de l'enrouler autour du premier. Un troisième mouchoir formera la protection parfaite qui lui permettra de caler le tout dans une fine poche intérieure de son sac à bandoulière sans en salir le tissu.

Paint... semble angoissé. Interrogation. Il se souvient alors qu'il est nighmare et qu'il est dans sa nature d'être perturbé par quelque chose que lui ne peut voir. Des yeux qui passent de lui au sol, y voyant des choses là où la conscience ne voit qu'une herbe blanche, légèrement grisée afin qu'on puisse la regarder sans en perdre les yeux.
— Hé Aaren ... De quelle couleur est le monde à travers tes yeux ?
La question l'étonne bien sûr, il devine aussitôt que le monde à travers ceux de Paint est loin d'être aussi paisible que cette vallée. Les couleurs doivent être vives, agressives, effrayantes peut-être. Il sait vaguement que le cauchemar est obsédé par le rouge – sans savoir à quel point. Le jeune roux commence légèrement à réfléchir à sa réponse, trouvant intéressant ce sujet, mais remarque surtout le changement qui s'opère chez son interlocuteur. Comme une personne qui serait mise en face d'un monstre, il perd des couleurs et son regard figé sur lui s'en va ailleurs. Il n'est pas pensif, il est tourmenté, de cette tourmente qu'il a constatée par le passée chez un autre nighmare. Ainsi enfui, il ne contrôle plus son corps et ses poings se relâchent tandis que la conscience s'apprête à parler.
— À travers les miens, le monde est rouge. Horriblement rouge.
Et se tait quand il sait qu'il n'a pas eu besoin de lui poser la question. Il craint encore un peu Paint notamment par le présent hachoir qui se situe sur le sol juste à côté d'eux, mais il fait un peu.

La peur pour enchaînement.

– N'aie crainte, ose-t-il.
Il risque un pas vers lui. Que sont les nighmares sinon des êtres humains enchaînés dans leurs terreurs et leurs souffrances les plus folles ?
– J'ai choisi de le peindre selon mes envies. Aujourd'hui, le pastel prédomine, mélange de nuances chaudes et froides adoucies du blanc de cette vallée.
Paint n'aime pas le blanc.
– J'ai choisi de faire du blanc un adoucissant plutôt qu'une magie étouffante.
Mais le monde est bien terne à travers ses yeux, omet-il de préciser.
Il passe son index sur la tache de couleur, mais la couche devenue fine de peinture quelque peu répandue est presque sèche. Sa peau ressort indemne. Pourtant, il a dans une poche des couleurs que la vallée n'est pas capable d'effacer sans contact direct. Il ressort des mouchoirs et les ouvre pensivement. Le violet, ce mélange fascinant de contraires, est intact.
– Saurais-tu produire du bleu pour tes yeux ?

Tout n'est qu'interne, derrière leurs yeux, entre leurs oreilles, tout n'est que d'eux, tout n'est qu'en eux.
Les nighmares sauraient-ils se libérer de leurs chaînes ?
Il faudrait croire au changement pour croire à cela...
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MessageSujet: Re: Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]    Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]  EmptyDim 22 Fév - 19:26

Les mots glissent dans l'air qu'il pense trop frais. Il est frigorifié mais le froid ne vient pas de l'extérieur. Cette glace vient de son cœur gelé à cause de l'absence de chaleur. Les ténèbres ont depuis longtemps envahi son âme. La lumière et la douce chaleur n'ont laissé que le noir et le rouge derrière elles. Le blanc de la vallée a absorbé ces dernières reliques de la joie pour ne laisser qu'un froid incommensurable. Et ce garçon devant lui avec ses cheveux roux et ses cheveux bleus, ce garçon qui est un peu plus proche, ce garçon qui semble doux et gentil, ce garçon n'a pas peur du froid. Les couleurs qui l'entourent et le caractérisent ne sont pas violentes ni froides, elles sont chaudes et agréables. Sa voix aussi mérite de tels adjectifs même si elle délivre des informations qui semblent improbables aux yeux du peintre.

Aaren a vaincu le blanc, il l'a dompté. Il a su apprivoiser le monstre et en faire quelque chose de doux et de beau. Les couleurs pastel sont terribles, immondes mais Paint s'est perdu dans le blanc et ne sait plus trop si les couleurs pastel sont si horribles que cela. La voix est si douce, il a envie de la croire.

« Saurais-tu produire du bleu pour tes yeux ? »

« Du bleu ... ? »

Il réfléchit quelques instants, le regard dans le vague, se demandant s'il sait encore ce qu'est le bleu. Et puis, il regarde les yeux d'Aaren et se rappelle soudainement ce que c'est. Il réfléchit au sens de la phrase, tentant vainement de la comprendre. Les seules couleurs qui parviennent encore jusqu'à sa compréhension sont celles qu'il voit sur son interlocuteur et sur ce mouchoir coloré.

« Je ne peux plus rien produire ... Le blanc a tout emporté déjà. Il ne reste plus que le violet sur ton mouchoir et ... le rouge. »

Il a beau essayer de voir autre chose que le rouge sur les arbres, il a beau penser à cette lune et cette mer bleue, il ne voit que le rouge. Il se sent rassuré, même si la mare est encore présente. Il serait trop faible pour empoigner le hachoir, il ne serait pas capable d'être dangereux. Il l'espère tout du moins. Il ne va pas perdre le contrôle en s'approchant trop près du soleil puisqu'il se sent presque à l'aise. La présence d'Aaren est réconfortante, un peu de couleur dans le monde blanc et rouge.

« Dis Aaren, tu penses que je pourrais voir ... autre chose que du rouge ? »
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MessageSujet: Re: Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]    Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]  EmptyDim 22 Fév - 19:27

Qu'il est doué pour écouter son prochain. Essayer de le comprendre, construire sa réflexion muni de sa logique singulière, poser les bonnes questions, donner des conseils... Qu'il est doué pour aider son prochain avec des mots, lui pourtant si maladroit, lui parfois malencontreusement froid. Un cynisme passé pas tout-à-fait nettoyé, aucune confiance en l'avenir excepté celui de Slumberland. Car il est sûr qu'Ephialtès n'est plus rien sans la peur qu'il inspire. Et on ne peut régner bien longtemps avec la peur.
Mais il est doué également pour mentir. Se voiler la face. Oublier ce pourquoi il est venu ici des mois auparavant, observant en silence, nouant quelques relations, essayant de ne pas trop les développer quitte à les interrompre subitement – chose de plus en plus compliqué au fil des semaines. Il essaie d'apprécier l'univers, l'environnement, dans chacun de ses détails, il essaie de le ressentir mais il n'y parvient pas. Si ses yeux voient les couleurs, il ne peut s'empêcher de les trouver terne et de sentir une amertume en lui, ce sentiment que si ce monde a espoir de retrouver sa magie, lui ne trouve pas la sienne. Repenser au monde d'en haut, qu'il tient absolument à retrouver, lui inspire de l'appréhension car il sait que celui-là est condamné. Peut-être aura-t-il le temps de vivre sa vie avant de voir son déclin, mais notre monde est assurément condamné, aussi bons et volontaires peuvent être certains.
La dernière pensée qu'il avait eue avant de recevoir son invitation était qu'il n'avait pas le cœur à vivre dans un tel environnement, et ce malgré tout ce que lui avait acquis de bien. Et cette pensée malgré ses efforts recouvre ses yeux d'une pellicule partiellement opaque qu'il voudrait percer afin de voir étinceler des couleurs ternes et amères.
Aaren est un menteur, un sale menteur qui sourit avec une grande sérénité, qui écoute et qui essaie de montrer la lumière qu'il ne voit pas. S'il ne peut être vraiment heureux lui-même, aider les autres à trouver leur bonheur lui donne un rôle à Slumberland. En attendant quoi ?

— Je ne peux plus rien produire... Le blanc a tout emporté déjà. Il ne reste plus que le violet sur ton mouchoir et... le rouge.

Il baisse les yeux sur son mouchoir maculé. Un coup de pinceau et le voilà resplendissant. Cela semble si facile... Un coup de bleu, un coup de rouge. Un coup de vert, de magenta, de jaune, de cyan, de bordeaux, de turquoise, de... Un rayon de soleil dans un ciel sombre et pluvieux donne un arc-en-ciel tout ce qu'il y a de plus coloré. Cela semble si simple. Pourtant, tout n'est qu'œil, tout n'est que regard. Les couleurs ne sont que leur interprétation permise par chaque rayon de lumière lui parvenant. Les couleurs, comportement de la lumière au contact de particules, sont uniquement présentes car l'œil humain peut les interpréter. Aaren n'a pas vraiment exprimé sa pensée de façon exacte quand il a parlé de production du bleu, pourtant c'est la manière la plus aisée selon lui de comprendre l'idée qui se cache derrière ses mots, qui affirme que les couleurs dépendent d'abord de celui qui les voit.

— Dis Aaren, tu penses que je pourrais voir... autre chose que du rouge ?
— Je le pense.

Il n'en est pas sûr. Il ne sait pas si les nightmare peuvent changer leur nature et n'a pas pris le temps d'étudier cela en profondeur chez les humains, trop préoccupé par ses études, trop passionné par les claviers qu'il martelait pour taper des lignes et des lignes de code. Il adore les ordinateurs car ils ne sont ni bon ni mauvais malgré leur grande puissance de calcul. Il adore les ordinateurs quand il peut faire ce qu'il veut avec – ne reste que la confection du café, mais rien ne l'empêchera de démonter une cafetière à dosettes en retournant là-bas pour dénicher la petite carte qui prouvera qu'une cafetière est également une machine dotée d'un programme. Il aime les ordinateurs car il ne se pose aucune question d'ordre morale ou philosophique à leur sujet, davantage occupé à le nettoyer en profondeur sur le plan matériel comme logiciel, à le rendre performant, à dépasser ses limites. Bien que pour tout le monde l'informatique s'apparente à du chinois, pour lui tout semble clair une fois appris au contraire de l'être humain qui ne l'est jamais, même connu par cœur. Un ordinateur peut changer bien sûr. Un être humain ? Quelquefois, selon énormément de conditions, et pas toujours dans le bon sens. En rassemblant les bonnes conditions, un nightmare peut-il changer ?

— Je crois qu'il n'appartient qu'à toi de découvrir comment.

Les nightmares pourraient-ils se détacher de la peur qui fait leur nature et leur essence ? Les humains sont fait de violence, cela compose leur nature et leur essence ; mais Aaren n'a jamais cherché en profondeur quelqu'un qui soit totalement dénué defait cette violence.

Il émerge quelque peu de ses pensées pour ne pas s'y perdre, chose qu'il a déjà faite par le passé. Il veut être présent pour Paint, et partir trop loin dans ses réflexions serait le délaisser. Son regard devenu vague pendant moins d'une minute revient sur lui, un sourire vient souligner les mots suivants.

— Mais je ne crois pas que tu sois obligé de chercher seul.

Il est là pour lui et serait prêt à le serrer dans ses bras si cela pouvait lui apporter un peu de chaleur pour évacuer ce rouge pourtant si froid.
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MessageSujet: Re: Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]    Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]  EmptyDim 22 Fév - 19:27

Tu sais Aaren, le rouge ne se dissipera pas. T'auras beau l'encourager, t'auras beau croire en lui, il ne saura pas changer profondément sa nature. Les nightmares sont des êtres horribles et torturés et ça, il est incapable de le changer même si cela le désole grandement. Il est effrayé. Il a peur de tenter de découvrir comment échapper à lui-même. De toute façon, il n'a jamais été très courageux. Ce n'est qu'un lâche incapable de penser à se rebeller, ce n'est qu'un lâche qui refuse de souffrir davantage même pour une cause qui pourrait  sembler juste. Pour braver sa peur, il lui faudrait un soutien, quelqu'un qui lui apporterait assez de courage pour avancer. Mais malheureusement, il est seul. Il se sent seul, prisonnier de ses peurs rouges.

Son corps est trop lourd à porter pour ses jambes pâles, il tombe à terre, vidé de ses forces. Il voudrait se fuir, il voudrait échapper à ce qu'il est mais il ne sait pas quoi faire.  Il tremble, seul, dans son monde monochrome. Il veut croire en ce qu'a dit son ami. Le vert doit se poser sur les arbres ; le bleu doit colorer le ciel ; le rouge fatal doit disparaître. La couleur est tenace, elle refuse de laisser place aux autres. Le peintre a beau tenter encore et encore, il reste incapable d'effacer le rouge et celui-ci appelle les souvenirs mauvais, comme pour empêcher Paint de rester stable.

Le cadavre rit de la faiblesse qu'il voit. Il n'a pas de forme précise, pas de visage, simplement un rire qui résonne dans la tête du malheureux. Et pourtant, même sans identité, il rappelle cette nuit où il en avait une. Le cadavre était revenu à la mort mais le peintre ne voulait pas tuer. Il n'a jamais voulu même si la lame tachée de sang et le corps sans vie ont toujours suggéré le contraire.

« Je suis trop dangereux pour ne pas être seul. »

Il se recroqueville un peu sur lui-même, rapprochant ses jambes de son torse. La sentence est tombée ; on ne peut rien y faire. Sa gorge se noue quand il se souvient du rire et du sourire de cette fille. Il tremble un peu plus quand il se rappelle comme la lame avait percuté la chair. Mais cela ne va pas se reproduire maintenant ; il est trop faible pour empoigner l'arme. Il tente vainement de se rassurer. Il ne veut pas que cela se reproduise.

« J'ai tué quelqu'un, Aaren. La dernière nuit, j'ai tué une fille dont je ne connais même pas le nom. »

Il recule un peu, mettant de la distance entre lui et l'outil trop dangereux. Il préfère ne pas regarder Aaren, il a trop peur de sa réaction. Il va faire comme les autres ; il va le haïr, il va penser qu'il est un monstre. Il est un monstre, il le sait, il en est convaincu. Il est trop dangereux pour son ami, il pourrait le blesser, il pourrait le tuer. Il est trop instable pour pouvoir prédire ses actes.

« Je ne peux que chercher seul comment voir autre chose que du rouge. Je risquerais de blesser ceux qui oseraient m'aider ou pire. »

Mais il a un pincement au cœur, il a encore quelque chose à ajouter. C'est difficile, ça renforce son instabilité, ça nourrit le meurtrier en lui. Il se recroqueville encore sur lui-même, plongeant sa tête entre son torse et ses genoux avant de la redresser juste assez pour laisser dépasser ses yeux.

« Mais ... Je ne veux pas être seul. »
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MessageSujet: Re: Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]    Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]  EmptyDim 22 Fév - 19:28

Il arrive à ne pas réagir quand son interlocuteur finit à terre, plus ou moins assis sans douceur. Cela ressemble à une chute causée par un malaise physiologique. En même temps, il perçoit très bien celui psychologique qui ressort dans son attitude et ses mots. Il essaie de ne pas le ressentir dans son cœur mais son empathie est forte et seule sa capacité à fermer les yeux sur ses émotions lui permet de la contenir ; le mensonge est un méfait qui apporte toutefois de la protection.
Pourtant, nul mensonge quand sa conscience lui confirme qu'effectivement Paint est forcément dangereux. Sa peinture est d'un rouge sang trop réaliste pour ne pas soulever des interrogations, ne lui reste que l'odeur que le jeune roux n'est pas allé chercher. Il connaît de Paint son instabilité due à ce rouge qui lui recouvre les yeux et l'esprit comme l'eau qui traumatise Ophélie. Il sait que le hachoir déposé à côté a servi et servira encore aussi longtemps que le nightmare vivra.
N'y a-t-il donc aucun espoir ?
La conscience incite constamment ses pensées à se détourner du monde qui l'attend bien qu'il se répète qu'il n'appartient qu'à celui-là, ayant donc le devoir de quitter Slumberland quand il le pourra. Il ne sait pas quelle est sa place là-bas mais il est persuadé qu'il s'en est fait une dans le cœur de ses proches. Qui est-il sinon une boulette de contradictions ?
Les nightmares ont-ils un espoir ou non ?
Certes, Paint a tué. Cela ne le surprend pas. La proximité temporelle du geste lui provoque une vague frayeur qu'il n'exprime pas, taisant son cœur quand celui-ci essaie depuis le début de le mettre en garde. La lame est déposée plus loin, le criminel semble l'avoir oubliée. Plus encore, ce dernier s'en éloigne, recroquevillé sur lui.

— Mais ... Je ne veux pas être seul.

Son interlocuteur s'accroupit à sa hauteur. Il s'approche, lèvres étirées, et dépose prudemment une main sur son épaule d'un geste purement amical.
Un nouveau sourire. Il a déjà pris sa décision. Il n'écoute pas les avertissements de son instinct de survie, rabaisse le taux d'adrénaline qui voudrait tendre ses muscles, s'assied à côté du cauchemar en délaissant toute possibilité de se défendre.
— Je sais ce dont tu es capable.
Il le regrettera peut-être.
— Je sais ce que c'est de ne pas savoir quand l'impulsion peut prendre.
Un peu de vécu, peut-être, quand lui-même était adepte de l'auto-destruction. Signes de personnalité ou honteuses erreurs de jeunesse ? Les manches de son chemisier sont proprement serrées autour de ses poignets, son régime alimentaire est diététique sans en avoir l'air pour ne pas agresser le foie. Ce caractère pourrait éventuellement lui être resté s'il ignore les risques qu'il prend. Trop de pensées tous les jours, un vide cependant quand il appuie sa main sur cette épaule pour insister sur sa présente proximité.
— Je prends l'entière responsabilité du risque, souffle-t-il dans un sourire, presque plaisantin. Je ne te laisserai pas seul.
Le pouce fait instinctivement un demi-cercle avant de s'immobiliser.
— Je suis ton ami après tout.
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MessageSujet: Re: Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]    Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]  EmptyDim 22 Fév - 19:28

Un tableau se dessine devant ses yeux. Il a de la peine à y croire. Une entité sombre et dépourvue de couleurs est à terre, un être plus coloré se penche un peu sur elle. Et alors, les douces couleurs tentent de raviver le sombre gris en lui apportant un peu de chaleur. La tache désordonnée semble se crisper à cause du contact de la couleur trop soudain, trop inattendu. Pourquoi ? Les couleurs ne devraient pas avoir pitié du gris mort. Les couleurs devraient juste s'en moquer et passer leur chemin. Mais non Aaren, arrête. Ne pollue pas tes couleurs avec le gris sordide de Paint, tu mérites mieux que ça. Ta gentillesse, donne la à des gens qui pourront en faire quelque chose. Paint ne saura pas quoi en faire, il ne sait même plus ce que cela signifie. Et il reste là, muet face à la confiance trop sincère du roux. Seule la chaleur de cette main posée sur son épaule le rassure encore un peu.

Cette chaleur lui est familière mais il ne sait pas pourquoi. Les silhouettes et les ombres de ses rêves n'ont jamais de visage et toujours des mains si froides qu'elles lui ont toujours paru inhumaines. Il redécouvre un peu la douceur après la violence, le sang et la douleur. Et le violet et le bleu reviennent un peu dans ses yeux. Le bleu s'élève dans le ciel, le roux se dépose sur les cheveux de son ami. Ce mot sonne bien. Il ne pensait pas qu'il en aurait un dans le pays des rêves. Il pensait que l'instinct de survie serait trop fort de même que la mort pour que quelqu'un désire rester à ses côtés. Mais une personne brave cela. Une personne veut lui venir en aide et lui fait confiance. Il aimerait bien sourire mais il ne sait plus vraiment comment cela se fait.

« Mon ami ... »

Le mot a une sonorité étrange, comme s'il remontait d'abysses enfouies au fond de sa mémoire. Ses souvenirs disparus seraient bien utiles pour qu'il puisse savoir la dernière fois qu'il a entendu ce mot. Il semble si lointain et si idéaliste qu'il a du mal à y croire.

« Merci Aaren de bien vouloir être ... mon ami. »

Il ne sait pas trop ce que cela signifie. Normalement un ami est quelqu'un avec qui on partage des choses mais lui ne partage pas grand-chose avec qui que ce soit. Il n'est pas sûr d'avoir quelque chose à partager. Qu'aime-t-il ? Que fait-il tout le temps ? Qu'est-ce qui le définit ? La peinture. Tout se dessine toujours si vite devant ses yeux, il ne sait jamais trop quoi faire. Il se voit déjà montrant humblement ses créations à son ami. Il poserait quelques questions et ils discuteraient paisiblement sans rouge, sans sang, sans mort. Ce serait bien.

« Tu viendras voir mes peintures un jour ? J'aimerais te les montrer. »

Un sourire effacé se dessine sur son visage trop sérieux. Il a certainement repris un peu espoir, il a choisi de vaincre le blanc par ses propres moyens. La couleur vaincra le blanc, il l'espère. Il n'a plus réellement peur, il se sent presque moins instable. Il va pouvoir changer, devenir plus stable et combattre l'essence de son être. Avec Aaren à ses côtés, il ne craint rien. Sa présence est trop colorée et rassurante pour qu'il sombre à nouveau. Il veut y croire. Et comme pour remercier encore un peu plus Aaren, il lui sourit paisiblement sans même savoir qu'il en est capable.
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MessageSujet: Re: Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]    Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]  EmptyDim 22 Fév - 19:28

Il est doué, Aaren, très doué pour se poser les questions qui font mal et remarquer les détails qui le blessent. Ce sens du détail servait à beaucoup de monde là-bas, quand on lui demandait son avis à propos d'un travail. Il savait trouver la petite chose quasiment invisible qui n'était pas correcte, dénichant l'aiguille dans la meule de foin là où les autres se préoccupaient davantage de la forme de cette meule. C'était utile pour eux. C'était contraignant pour lui. Il ne parvenait pas à apprécier les choses dans leur ensemble à partir du moment où il remarquait une seule incohérence qui lui gâchait la vue comme une tache au beau milieu d'un verre de lunette. Et, surtout, il était incapable de passer outre ces désagréments. Incapable d'ignorer les défauts de la société. Incapable de nier l'hypocrisie de certains de ses amis. Incapable d'éloigner son pessimisme vis-à-vis du monde dans lequel il devait se faire une place, et vis-à-vis de lui-même.
Alors, cette question qui lui vient à l'esprit alors qu'il sait qu'il doit partir d'ici au plus vite, qu'il doit quitter Slumberland pour retourner dans un endroit dont la simple mention lui attire une larme si amère dans le coin de la paupière, un lieu qui lui inspire désespoir et colère malgré les personnes chères avec lesquelles il a réussi à nouer des relations ; cette question lui brise le cœur. Il détourne brièvement le regard le temps de déglutir, ravalant dans le même temps l'émotion qui lui montait à la gorge. Il s'était pourtant promis de ne pas créer de lien trop fort avec quiconque, de telle sorte qu'il ne manque à personne le jour de son départ. Il savait que ce serait difficile et long, lui qui n'apprécie si durement la solitude quand ses ordinateurs ou ses jeux vidéos sont absents, mais il avait espoir que cela fonctionnerait, qu'Ephialtès serait vaincu et qu'il pourrait partir enfin, quitter Slumberland, retrouver ses vrais amis – un dégoût s'élève aussitôt pensés ces mots qui dédaignent les habitants d'ici.
Comment réagira Paint confronté à son départ ?

Aaren reporte son regard sur lui, veillant à ne pas modifier sa pression amicale sur l'épaule. Oui, sa pression n'est autre qu'amicale, davantage qu'un geste de camaraderie. Par lui et ses mots, il a scellé sa relation avec lui. Un ami. Un faux ami ? Aaren n'en a pas. Un faux ami n'est pas un ami, il ne le soutient pas comme avec un ami, il ne partage pas vraiment quelque chose comme avec un ami, il ne l'écoute pas réellement comme avec un ami, il ne vient pas vers lui comme avec un ami, il ne parie pas sa vie comme avec un ami. Pour une telle personne, lui simple geek pas franchement courageux ou battant, généralement prudent et peu enclin à prendre des risques qui pourraient le marquer à vie, ferait pourtant une belle entorse à ses habitudes. Et c'est exactement ce qu'il fait avec Paint, alors qu'il détourne ses pensées afin de ne surtout pas imaginer la réaction du nightmare si le roux l'abandonnait. Il aurait dû se douter qu'il ne tiendrait pas indéfiniment ainsi, il aurait dû faire plus attention, s'enfermer dans les livres, dans sa suite, emprunter des ouvrages d'informatique et en apprendre le maximum. On n'a pas besoin d'ordinateur pour apprendre l'informatique, elle ne s'en cantonne pas tout comme l'astronomie ne se limite pas aux télescopes. Il aurait dû rester sur ses gardes, dresser des murs, ne parler à personne voire s'attirer le mépris de certains.
Mais il n'en est pas capable. Il n'est pas assez fort pour se maintenir si loin de l'amour – au sens vaste.

— … C'est normal, répond-t-il au remerciement.
Il demeure avenant, amical. Il assumera sa décision, en souffrira, se dira que le comportement inverse lui aurait fait tout autant de mal, tentera d'apprécier chaque instant où il n'aura pas à choisir entre ici et là-bas, échouera, sourira comme il le fait maintenant. Et ne parlera à personne de ce qui le préoccupe car il pensera qu'il n'a pas trouvé celui qui saurait l'écouter sans être dérangé.
— Bien sûr, accepte-t-il avec enthousiasme. Je serais ravi de découvrir ce que tu peins.
C'est à moitié vrai. S'il est curieux, il n'est pas forcément attiré par la peinture. Cela pourrait lui plaire, cependant.
— Et je pourrais te faire découvrir ce qu'est l'informatique. La bibliothèque regorge de livres intéressants sur des choses qui n'existent pas ici, et ce sujet en fait partie. Cela te dirait aussi ?
Il remarque alors que les lèvres du cauchemar sont étirées en un sourire qu'il n'a jamais vu auparavant. Quelque chose de léger, un brin joyeux, d'un bonheur que Paint n'a jamais exprimé. Comment Aaren pourrait-il un seul instant envisager de détruire cela ?
— Es-tu heureux ?
Sa main n'a pas bougé.
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MessageSujet: Re: Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]    Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]  EmptyDim 22 Fév - 19:29

Les mensonges deviennent vrais grâce aux couleurs pastel. Ces couleurs sont si magiques, la vulgaire pierre pourrait devenir diamant grâce à elles. Quant au désespoir, il n'a aucun mal à devenir joie. Ces couleurs douces semblent capables de tout, elles pourront certainement l'aider. Elles transformeront la nuit en jour, elles sauront empêcher le rouge de revenir, Aaren réussira à épurer son monde. Il veut y croire, il veut se perdre dans l'espoir plutôt que de se noyer dans le désespoir. Son monde si meurtrier, si dangereux changera peu à peu. Cela le blessera, cela blessera Aaren. Il en mourra peut-être même mais il est trop gentil et trop stupide pour ne rien faire face à la détresse du cauchemar. Il tentera de préserver son ami, il tentera de montrer que lui aussi peut jouer de sa volonté même si elle n'est que factice. Il tentera de montrer qu'il n'est pas aussi insignifiant et impuissant qu'un misérable grain de sable à la merci des caprices du vent et de l'eau.

Les mots le touchent tellement fort qu'il se sent déstabilisé, il oublie ses envies. Il ne sait pas vraiment s'il a envie de découvrir de nouvelles choses, il a oublié si le savoir le passionne. Et pourtant, un enthousiasme perturbe ses pensées, un jaune trop vif brille devant ses yeux. Est-ce la couleur de la joie ? Il ne comprend pas. Il ne connait pas l'informatique, il ne s'y intéresse pas, il ne ressent pas une envie terrible de se pencher sur ce sujet et pourtant la pensée d'en apprendre plus sur cette invention inconnue lui donne simplement envie de sourire et de s'enthousiasmer encore et encore. Est-ce à cause d'Aaren ? Est-ce parce que ce sujet lui tient à cœur que Paint s'émeut ainsi ? Il n'arrive pas à comprendre, son cerveau ne sait plus qu'analyser le violet qui hante ses nuits et le jaune qu'il a répandu si souvent en peignant des fleurs qui auraient pu être des fleurs de fenouil. Mais il a aussi oublié cette plante qu'il a pourtant tant aimée de son vivant. Il a même dû oublier qu'il a été vivant un jour.

« Ça me plairait, oui. »

Quand il était vivant, comment se sentait-il ? Sentait-il quelque chose dans sa poitrine s'affoler jusqu'à exploser violemment ou bien sentait-il un vide terriblement froid à la place de son cœur ? Il n'arrive pas à définir ce qu'il ressent. Quelque chose lui fait tellement mal à l'intérieur de lui et pourtant il veut en sourire. La couleur blonde est si forte, elle est si chaude et agréable. Ou bien est-ce cette présence sur son épaule qui diffuse un bien-être étrange. Tout va bien. Une petite voix au fond de lui lui susurre ces mots. Elle est féminine, il ne la reconnait pas. Elle est si agréable mais d'où vient-elle ? Apparaît-elle de l'époque révolue où il était encore humain ? Il ne sait pas mais il veut la croire. Tout va bien. Le rouge ne saura pas remplacer ni le jaune, ni le violet, ni le roux. Le rouge ne saura pas détruire la chaleur et le sourire d'Aaren. Le rouge ne pourra pas détruire le peu d'humanité qu'il lui offre alors qu'il en manque tellement. Tout va bien.

« Heureux ... ? »

Le mot est vide de sens, mensonger, incompréhensible. L'humanité n'est pas assez présente pour lui souffler la signification, il ne peut simplement pas la comprendre de lui-même. Les phonèmes étranglent sa gorge, il pourrait en mourir étouffé. L'adjectif semble si meurtrier, si lointain, si impossible à atteindre. Il entend la terrible voix féminine le répéter, le prononcer lentement mais cela ne vient de nulle part ! C'est impossible ! Sa mémoire a disparu, elle ne peut pas refaire surface, il ne peut pas se souvenir ! Le bonheur lui a été interdit, la joie lui est inaccessible ! C'est impossible !

« Je ne peux pas être heureux. Même si je suis ému sans être triste, même si je me sens bien, même si j'ai l'impression que quelque chose va exploser dans ma poitrine. Mais ce n'est pas grave, je ne veux pas être heureux. Je ne peux pas être heureux. Les nightmares tels que moi sont condamnés au désespoir, certainement pour racheter nos fautes. Tu entends Aaren ? Je ne pourrai jamais être heureux. »

Une larme coule le long de sa joue mais le sourire s'est gravé sur ses lèvres. Le cadavre lui murmure doucement qu'il ne peut pas être heureux et le désespoir reprend le dessus. L'espoir se fait anéantir mais le couteau ne bougera pas.

« Seuls les consciences et les slumbers peuvent encore être heureux ici. J'espère que tu le seras, Aaren. »


Ses yeux noirs sont tellement doux. Il s'est résigné depuis longtemps à ne plus jamais pouvoir être heureux. Cela ne devrait plus le blesser mais les larmes coulent encore le long de ses joues et semblent ne pas vouloir s'arrêter. Elles absorbent le jaune si beau, si vif. Il ne sait plus bouger. Ses membres tremblent à nouveau mais il ne touchera pas au couteau. Il ne le fera pas, il l'a décidé. Il peut être maître de ses mouvements, il peut s'empêcher de tuer. Même s'il ne pourra jamais être heureux, il saura quand même éviter d'être réellement malheureux et meurtrier.

« Ce n'est pas la peine que tu gâches ton bonheur pour un nightmare désespéré. »
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MessageSujet: Re: Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]    Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]  EmptyDim 22 Fév - 19:29

Il aurait pu changer de monde encore. Plonger dans une autre réalité, rencontrer d'autres créatures, d'autres planètes, d'autres humains peut-être. Il aurait pu atterrir dans un autre pays des rêves et des cauchemars ou voyager dans le TARDIS. Rien n'aurait pu changer cette réalité. Le moindre lien avec l'humanité ternit tout un univers. Il attriste les pensées, assèche l'espoir, nourrit la détresse, enflamme la violence. L'humain ne sait que trop bien s'accrocher aux pans sombres de sa vie. Il éprouve des difficultés à tourner la page, passer à autre chose, trouvant plus aisé de sasser et ressasser ses maux. S'il est capable de se relever après maintes difficultés, ce n'est que pour retomber durement sur le sol de sa douleur. Il ne sait pas rester debout éternellement. Il ne le peut pas.

Les propos de Paint sont violents. Alors que tout un chacun a un espoir de se redresser, lui assure qu'il n'en a pas car telle est sa nature. S'il peut être ému, ressentir le contentement, la satisfaction, l'enthousiasme, et d'autres émotions positives, le sentiment du bonheur lui est exclu. Aaren retire enfin sa main de l'épaule du cauchemar et songe que l'auto-persuasion stupide le fatigue. Le choix se porte sur continuer dans cette direction ou s'arrêter net en chemin même s'il existait un seul moyen pour un nightmare d'être heureux. Il retient un soupir. Rien n'est satisfaisant. Rien ne peut le satisfaire là-dedans.

Aaren est alors traversé d'une pensée qui le glace tout entier.
Il ne sait pas si lui-même sera heureux un jour ; heureux de ce vrai bonheur qu'on ne lâche pas, celui qui apporte un baume au cœur ou simplement une paix intérieure. Si dans l'autre réalité il se savait entouré d'amis, il ne pouvait que voir qu'il n'avait pas sa place dans ce monde qui passe son temps à mordre et manger les gens qui se donnent tout entiers à leurs prédateurs avec ce complice consentement dont ils ignorent voire nient l'existence. Il s'enfermait alors avec son ordinateur, préférant s'oublier dans des jeux vidéos solitaires ou s’adonner à des activités plus intelligentes en rapport avec sa formation.
Ici, plus rien de cela. Ni baladeur de musique, ni console de jeux vidéos, ni gare pleine de monde où observer les gens, ni même ses céréales préférées. Et, par-dessus tout, lui pèse l'absence de ses amis. Ce monde lui est tant étranger. Il n'y connaît presque personne malgré les mois écoulés, isolé, dans son seul lien avec l'autre réalité : les livres. Cela le tue à petit feu. S'il n'a pas replongé dans les méandres de son auto-destruction, il ne sait pas ce qui lui insuffle encore l'énergie de se lever tous les matins, épreuve à la difficulté écrasante.
Il souhaiterait tellement rentrer chez lui.

Cependant, Paint est là, à présent. Il le connaît à peine, ne partage avec lui que la violence – ses propres manches sont soigneusement serrées autour de ses poignets – et ne sera sans doute jamais aussi proche de lui qu'il l'est avec ses autres amis. Si bien qu'il baisse les yeux et blâme mentalement son hypocrisie.
— Pardon.
Pardon pour te faire perdre ton temps en essayant de t'insuffler un espoir auquel je ne crois même pas.
Il voudrait s'étaler en excuses mais se retient, refusant de se montrer lourd et pathétique. Il ne parvient plus à soutenir le regard du nightmare. Il voudrait seulement s'enterrer sur-le-champ. Disparaître.

Soudain, le sol commence à vibrer violemment, accompagné d'un son lointain, sourd comme le tonnerre. Aaren ne peut que lever des yeux surpris vers le ciel, guettant des nuages noirs jamais vus au-dessus de la vallée blanche, avant de sentir la terre se dérober sous ses pieds. Il chute sur les fesses en moulinant l'air de ses bras, puis il s'allonge de tout son long au milieu de ce qui ressemble à une apocalypse. Une pluie aussi brutale qu'inattendue déferle sur lui, si bien qu'il ferme les paupières, plaque ses mains sur son crâne et songe brièvement à la mort avec terreur. Quoique brutale, la fin s'éternise. L'eau se déverse encore et encore, infinie, étouffante. Il ne sait si sa difficulté à respirer provient de l'air soudainement humide ou des émotions qui lui coupent le souffle et tétanisent les parois de ses poumons.
Enfin revient le calme. Ou plutôt le silence tombe, pesant, marquant plus encore ce qu'il vient de se passer. Sans comprendre s'il est encore vivant, il rouvre les yeux et jette un regard sur ses mains avant de parcourir l'environnement. Ses paupières clignent sur les globes oculaires qui picotent, ses pupilles contemple le spectacle impressionnant qui lui fait face.
Au-dessus d'un sol complètement détrempé flotte des particules d'une épaisse poussière qui descend paresseusement, recouvrant déjà les arbres et l'herbe aplatie.
Il a cru mourir.
La plaine a seulement pris la nuance trise de son cœur.
Tandis que les particules ternissent sa rousseur, elles éclaircissent l'apparence de Paint, recouvre les couleurs, toutes les couleurs. Il n'y a ni blanc, ni marron, ni rouge, ni violet, ni jaune.
— Ça... ça va ?
Sa voix tremble. Il est ridiculement trouillard.
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MessageSujet: Re: Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]    Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]  EmptyDim 22 Fév - 19:29

Le mot lâché si tristement détruit le rythme régulier des battements du cœur du peintre. L'excuse lui serre la gorge, lui empoigne la poitrine pour lui demander s'il peut l'accepter. Il ne pense pas être capable d'accepter. Les deux syllabes frappent dans sa tête, il sent un poignard dans sa poitrine. Désemparé, il lance un regard effrayé à son ami. Il voudrait lui demander pourquoi. Pourquoi il s'excuse, pourquoi ça lui fait si mal, pourquoi il sent qu'il a un trou noir à la place du cœur. Mais il ne peut rien faire. Les mots meurent avant de naître ; les sons deviennent muets avant même d'être émis. Il ne peut pas poser ses questions à Aaren. Et pourtant les larmes continuent de couler le long de ses joues pâles.

Le sol semble trembler sous ses pieds. Il va peut-être se dérober encore une fois. Le cadavre va peut-être rire en réclamant le sang. Tout va devenir rouge et il devra mener un terrible combat contre lui-même. La terreur se lit sur son visage, il tremble lui-aussi. Ses yeux paniqués parcourent quelques instants le sol blanc, les arbres noirs qui devraient se couvrir de rouge. De longues secondes s'écoulent mais la couleur fatidique n'apparaît pas. Ne comprenant pas, il se tourne vers son ami. Lui aussi semble étonné. Et alors il ne sait plus quoi penser. Les nuages noirs empêchent la lumière de les atteindre, il les observe. Son monde est toujours si instable, il s'est habitué aux tremblements de l'univers et aux siens. Seuls les nuages sont inhabituels. Alors il les regarde, un peu pour s'oublier. Il oublie qu'il est debout, tombe. Mais il ne s'en aperçoit pas. Il se demande simplement pour le ciel s'est éloigné de lui si brutalement.

Une goutte touche son visage. Une autre s'abat sur sa main. Et d'autres emplissent l'air. La pluie frappe le sol avec violence, assassinant le blanc. Il se redresse, tend la main. Il veut sentir les lames traverser lentement les pores de sa peau. Et il ressent le picotement de chaque larme comme un coup de poignard porté à sa main pâle naïvement ouverte. Il ne remarque pas son ami effrayé. Le poison qui tombe du ciel le fascine. Il n'a aucun effet sur lui. Les vêtements sont trop noirs pour être assombris. Son esprit est trop terne pour être terni par la pluie. Pendant les quelques minutes durant lesquelles l'eau martèle le sol, il reste planté les mains tendues pour sentir cette délicieuse mort s'écoulant le long de ses doigts avant de s'écraser sur le blanc.

La pluie s'arrête. Il cligne des yeux quelques fois, sentant encore les gouttes tremper ses cheveux et ses vêtements, se demandant si ce n'était qu'un rêve. Le noir se dépose sur les arbres, sur l'herbe. Le blanc meurt. Il frissonne. Rêve-t-il ? La voix trop reconnaissable et faible d'Aaren lui indique que non. Surpris qu'il existe encore, il se retourne vers lui.

« Je vais bien. Et toi, tu n'as rien ? »

Il se sent comme un fantôme. La mer noire ruisselle le long de ses muscles. Il fait quelques pas, ne se rappelant même pas s'être éloigné ainsi de lui. Il le regarde sans le voir. La pluie l'a effacé.

« J'ai froid. Tu n'as pas froid ? Nous sommes trempés. Que vient-il de se passer ? »

Il ne sait plus dire. Il ne sait plus parler. Les mots sont revenus mais leur sens, non. Il reste là, dégoulinant de mort à regarder son ami et ressent à nouveau le vide dans sa poitrine. Il voulait en parler avant. Il ne sait pas quoi faire, il ne sait pas quoi dire. Son regard perdu oscille entre le sol et les yeux et les cheveux de son ami, comme s'il allait trouver la réponse à ses questions rien qu'en le regardant.

« J'ai mal.»

Il n'attend pas les réponses à ses questions qui n'en sont pas vraiment. Sa main serre le tissu au niveau de son coeur, il lève les yeux. Une couche de poussière se dépose sur le monde.

« Je crois que je n'ai pas de cœur. »
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MessageSujet: Re: Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]    Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]  EmptyDim 22 Fév - 19:29

Aaren a cru à la fin du monde. Que le ciel lui tomberait sur la tête et lui briserait le crâne. Que l'eau s’immiscerait par ses narines et inonderait ses poumons. Que son corps imploserait, que ses tripes exploseraient, que ses globes oculaires éclateraient et son cerveau s'écoulerait sur l'herbe spongieuse. Plus que tout, il a cru que s'éteindrait la flamme faiblarde qui faisait battre son pauvre cœur amer. Il a cru qu'il serait.
Mort.
Que ses yeux ne verraient plus, que sa conscience ne penserait plus, que sa voix se parlerait plus, que son existence ne serait plus. Oui, il a cru qu'il cesserait de vivre, qu'il cesserait d'exister et qu'il deviendrait.
Néant.
Alors ça cognait dur contre sa poitrine, ça gonflait son artère carotide, ça tapait contre ses tempes, ça sifflait ses tympans. Il tremblait comme une feuille, les paupières crispées, et les mains agrippées à ses cheveux. Il était.
Terreur.
C'est simple. Si simple de le deviner. Si simple de le réaliser alors qu'il ne se remet pas de cette secousse incroyable. Et pourtant si difficile d'admettre, de se le formuler intérieurement, de se l'avouer franchement. Il ne veut pas.
Disparaître.
Alors sa voix tremble lorsqu'il demande à Paint s'il va bien, son ego est à peine touché quand il comprend qu'il fut le seul à avoir si peur, sa gorge se noue, ses yeux sont humides, son corps trempé. Ses vêtements lui collent à la peau, comme sa peine, son amertume, sa tête trop pleine, son désir trop grand de rester seul, si seul, pour ne pas avoir à blesser ni abandonner. Il lui suffira de retourner dans sa chambre et de retirer ce tissu sale et poisseux. Pourquoi donc n'est-ce pas aussi facile avec le contenu de sa tête ?

Il se redresse enfin. Essuyant son visage, il masque les larmes en équilibre au bord de ses paupières. Il inspire. Déglutit. Expire.
— J'ai froid aussi.
D'un souffle mal-assuré. Il tremble encore. Frissonne. Voudrait se débarrasser de sa peau qui l'emprisonne. De ce corps recouvert de poussière. De cette chevelure grisâtre et presque gluante. Il voudrait. Il voudrait. Il ne sait pas ce qu'il veut.
Tout se bouscule, comme s'il avait suffi d'un phénomène surnaturel pour faire déborder le vase, comme s'il avait suffi d'une pluie un peu violente, d'une peur un peu inattendue, de. D'il-ne-sait-quoi pour que tout remonte. Il est gelé. Son cœur est en ébullition. Il ne trouvera jamais ce qu'il cherche ici car.
Il ne sait pas ce qu'il veut.
Il se sent perdu. Il voudrait. Il voudrait disparaître. Pourtant cela le terrorise, cela le fige puis le fait frémir. Il ne sait pas, il n'a jamais su. Il n'a fait qu'observer, ressentir, apporter son aide quand il le pouvait. Il s'est renfermé, il s'est isolé, il a peu à peu cessé de sourire. Il a verrouillé la porte de son quotidien monotone et a jeté la clef dans la mer noire.

Il sait ce qu'il veut.

Il veut se lever. Il veut détourner les yeux de Paint, ne surtout pas le regarder, surtout pas croiser l'incompréhension dans son regard, le sentiment d'abandon, la sensation de perte constante qui l'anime. Il ne peut ressentir cela. Il ne veut plus souffrir avec les autres, se noyer dans l'empathie, il ne veut plus souffrir en silence, se laisser dépérir.
Il a honte.
Il veut se lever. Et fuir.
— J'ai mal aussi.
S'étouffe-t-il faiblement. D'ailleurs, il tousse, comme si de la poussière s'était introduite dans ses bronches juste avant qu'il parle. Il tousse fortement, sans se retenir parce qu'il est fatigué de se retenir. Il crache un peu car il tousse mal, son estomac proteste car il tousse bien trop fort.

Le silence est de retour.

Il s'est assis entre temps. En s'appuyant sur sa main droite, il l'a recouverte d'une substance grise et boueuse. Il la contemple, nuque courbée.
Paint est nightmare. Il est né souffrance, vit souffrance, mourra souffrance. Il n'a pas d'espoir, aucun espoir.
Aaren est conscience. Il est né humain, a vécu humain... Il a tous les espoirs. Il les a juste brûlé à petit feu avant d'arriver ici pour se noyer.
Tant pis, tant pis. Il ne sait plus quoi faire maintenant, si ce n'est fuir. Mais il se retient, par honte. Il se retient d'agir ainsi lâchement et d'abandonner son ami sans un mot. Il répond seulement, sans n'avoir croisé son regard une seule fois.
— J'aurais voulu te donner le mien.
Et ne jamais, plus jamais.
Ressentir.
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MessageSujet: Re: Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]    Tout est trop blanc [RP NON TERMINÉ]  EmptyDim 22 Fév - 19:29

Les larmes du ciel ont noirci le tissu et s'écoulent sur celui-ci avant de mourir sur le sol triste. Il sent bien tout ce froid qui s'écoule le long de ses muscles pour les asphyxier. Faisant apparaître sa main dans son champ de vision, il observe les gouttes séchant sur sa peau et un frisson secoue ses vertèbres. Il perd le contrôle de sa respiration, de ses sensations. Le rouge apparaît à ses yeux avant de disparaître et de revenir. Le sang sur ses mains semble n'avoir jamais disparu. Choqué par toute l'horreur de ce qu'il voit, il approche son autre main de la première et constate les coulées sanglantes sur ses doigts. La frappe de son cœur contre sa poitrine s'intensifie. Ses mains tremblent et se crispent. Il voit encore la vie perdue sur sa peau et commence à entendre les murmures trop familiers. La douleur le fait empoigner le tissu au niveau de son cœur. Il voit encore la mare de sang. Ses mains obscurcissent sa vue. Il ne veut pas voir tout cela. Il refuse de voir encore une fois et que tout cela devienne encore réalité. Mais les murmures deviennent cris et il n'arrive pas à rester debout. Ses jambes se plient, il s'agenouille en se bouchant les oreilles. Il sait bien que cela n'arrêtera rien.

La peur l'oppresse, il se sent mourir encore un peu plus. Il veut crier mais en est incapable. Cela ne servirait à rien. Ses doigts se crispent un peu plus sur ses cheveux noirs, ses ongles s'enfoncent un peu plus dans sa chair pâle. Il faut encore lutter et encore vaincre. Le rouge ne doit pas s'emparer de lui, le cadavre doit se taire. Même s'il tremble et qu'il souffre et qu'il a peur et qu'il a mal, il a décidé de se battre.

« Non. »

Le mot sort comme un murmure arraché. La syllabe est si terrible qu'il a l'impression d'avoir recraché toutes ses entrailles rien qu'en la prononçant. Les larmes n'arrivent plus à ses yeux qui ont trop pleuré, seul le désespoir pourrait se lire s'ils étaient ouverts. Le sang jaillit dans sa tête, le cadavre jubile et lui en crève. Il ne peut plus rester accroupi. Seuls ses bras l'empêchent de tomber réellement au sol. Ses mains se crispent sur l'herbe sale après que ses genoux ont subi le contact avec le gris. Mais il va lutter cette fois.

« Non. »

L'émotion se fait plus intense. Même s'il a perdu son cœur, même s'il n'est plus humain, il refuse de perdre encore un peu plus d'humanité. Il refuse de perdre encore un peu plus tout ce qui le définit. Alors tous les cris, toutes les voix féminines et les pleurs et les lamentations, il va les faire taire. Le rouge se laissera vaincre par d'autres couleurs et lui aura vaincu tout ce qui le tue réellement. Il se concentre. Ses oreilles sifflent, ses tympans se déchirent. Son cœur frappe si fort, il a l'impression que les cris sont si faibles à côté du battement. Le rythme est régulier, ça le rassure un peu. Et alors il s'aperçoit qu'il peut entendre autre chose que les prières de mort. Il s'aperçoit qu'il peut se maîtriser un peu. Et alors il se souvient de la situation, des paroles d'Aaren.

« Regarde. »

Son souffle est perturbé, ses paroles sont hachées et presque inaudibles. Il s'en fiche.

« Regarde ce que j'ai fait de mon cœur et ce qu'il a ensuite fait de moi. »

Il se sent faible, incapable de se redresser. Il ne peut qu'observer le gris en se réjouissant de sa teinte.

« Ne gâche pas ton cœur ainsi. »

Son ami ne se rend pas compte. Il ne comprend pas comme il est bon d'être humain et d'entendre que ce qui est audible. Il ne comprend pas comme il est bon d'être conscience et de voir que ce qui est visible. Bien sûr il ne comprend pas la souffrance des créatures comme lui. Il ne comprend pas comme il est bon d'avoir un vrai cœur qui bat à l'intérieur de sa poitrine au gré de ses humeurs sans s'affoler à cause de son instabilité.

« Ne deviens pas comme moi. »

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