Anémone danse, hissée sur la pointe des pieds, en équilibre l'espace d'un instant, un sourire effacé accroché au bout de ses lèvres, les bras tendus, les mains ouvertes. Les anémones nichées au creux de ses poignets éclosent, tournoyant dans les paumes de ses mains, rougissent, se pâment et font la révérence au roi saule pleureur dans son dos. Souvent, Anémone se perd dans son ombre ; parfois, elle voudrait ne jamais en revenir. Son cœur valse avec elle, rate un battement, s'emballe, rattrape le rythme de la musique que lui soufflent à l'oreille les fleurs de son jardin. Parfois, les fleurs hurlent, et Anémone crie avec elles jusqu'à s'évanouir entre leurs pétales.  

Aux arbres de la forêt, aux fleurs de son jardin, à l'herbe dans laquelle elle s'allonge, Anémone chuchote. Pourtant, Anémone ne dit pas grand-chose, parce qu'Anémone est perdue. Anémone ne sait pas en qui croire, à qui faire confiance, à qui sourire et à qui laisser voir qu'elle écrase sur ses joues. Anémone ne sait pas si les fleurs chuchotent ou crient, si les arbres savent ou mentent, si elle doit s'approcher ou laisser danser son cœur. Elle voudrait réparer la Lune et lui chuchoter des secrets, elle voudrait briser les déesses et leur crier la vérité.

Anémone tresse des fleurs dans ses cheveux.
Anémone court.

Anémone est une fleur timide aux pétales serrés.

Anémone met le feu au brasier de son cœur. Anémone voudrait être juste, mais elle n'est que vraie. Anémone voudrait être révoltée, mais elle n'est que passionnée.

Des fois, Anémone croit qu'elle ne saura jamais où aller. Elle ne demande qu'à attraper une main tendue. Elle voudrait surtout comprendre.

En attendant, Anémone sourit, offre des fleurs, danse, étreint, aime de toutes ses forces. Elle paraît un peu ailleurs, absorbée au cœur de rêves trop grands pour elle et à la poursuite desquels elle ne cesse de courir que pour prendre soin de la forêt de Jade, dans l'espoir qu'un jour la forêt sache lui dire où est cachée la vérité.